18 écrivains russes
se sont réunis dans ce livre. Parmi eux les grandes plumes, des grandes
gueules, des provocateurs, des poètes. Sorokine, Limonove, Prilepine,
Chichkine…
Quelque chose dans l’aire nous fait croire que c’est pour la
dernière fois qu’on puisse les voire ensemble. En Russie, être écrivain, c’est un destin. Un long chemin de
croix. Tolstoï a été excommunié, Dostoïevski condamné à mort et gracié juste
après le battement du tambour, Gogol enterré vivant ; Soljenitsyne, Pasternak,
Boulgakov… ils sont légion, ces diables des belles lettres. Le dégel, qui permet de temps en temps de
publier officiellement ces dissidents, ne dure jamais trop longtemps. Il ne
faut pas être prophète pour deviner que ce rideau de fer qu’on croyait
disparaitre à jamais est en train d’être restauré. Dans peu de temps,
certains de ces excellents écrivains
russes deviendront les porte-parole de la grande Russie impériale, d’autres
seront priés de quitter le territoire, d’autres encore crèveront la dalle et
écriront des chefs-d’œuvre qu’on ne lira qu’après leur mort. Être écrivain en
Russie, c’est vendre son âme ou mourir sur le bûcher de ses livres.